« Je ne crois pas à ça moi les REER; de toute façon, je vais payer de l’impôt quand je vais les retirer », dit le sceptique. « J’en ai déjà pris des REER et je n’ai pas fait d’argent, donc je les ai tous retirés », affirme l’oncle ou le collègue de bureau (Ouf! J’en ai long à répondre à une aussi courte phrase!) Ou, encore plus intense : « Je suis contre les REER. » Voilà des phrases qui me font à la fois sourire et dresser le poil sur les bras. Je les entends assez souvent lorsque j’écoute des conservations… Et j’ai quelques clients qui me les ont déjà servies! De toute évidence, ces affirmations dénotent une certaine incompréhension du REER en soi. Je vais donc éclaircir les choses et rétablir la vérité.

Le REER, un véhicule

Une distinction importante : le REER est en fait un simple « véhicule » permettant un traitement fiscal spécifique. Vous pouvez y investir toutes sortes de titres de placement. Vous pourriez avoir exactement le même portefeuille dans un CELI ou dans un compte non enregistré (bien que non recommandé si vous souhaitez optimiser fiscalement votre portefeuille –  sujet d’un article à venir!).

En somme, si on les compare de façon plus imagée : le REER, le CELI et le compte non-REER sont simplement des contenants différents dans lesquels vous pouvez verser le même contenu. Vous pouvez bien boire du vin dans une tasse, un verre ou une coupe, ça reste le même vin (même si c’est bien meilleur dans une coupe, bien sûr!).

Payer de l’impôt au retrait du REER

Quant à la croyance que le REER n’est pas une bonne option puisque vous paierez de l’impôt lors du retrait des sommes investies, cela dépend bien sûr de vos taux d’imposition marginaux et effectifs. Le REER est un plan d’investissement en prévision de votre retraite. Or, une fois à la retraite, beaucoup de gens paieront moins d’impôt que pendant leur vie active. Alors non, le REER ne fait pas disparaître l’impôt; c’est un mécanisme de report, mais un report qui risque de vous être avantageux.

Faire fructifier ce qu’on peut épargner maintenant

D’un point de vue fiscal et financier, payer moins d’impôt à court terme pour vous enrichir personnellement en conservant plus de capital à faire fructifier dans votre portefeuille : c’est ce qui sera le plus avantageux pour vous. De plus, si vous êtes dans votre vie active et que vous avez des enfants à charge, le fait de diminuer votre revenu imposable vous permettra d’augmenter vos prestations dans de nombreux programmes sociaux, par exemple l’allocation canadienne pour enfants. Alors, préférez-vous garder plus d’argent pour vous maintenant ou en donner plus au gouvernement?

Ne pas faire ou perdre de l’argent dans un REER

Tout d’abord, oui, il est possible qu’un investissement ne fructifie pas à votre goût. Toutefois, dans cette situation, ce n’est pas parce que c’est un REER. Nous avons vu qu’en fait, un REER est un véhicule. Il s’agit donc plutôt d’une conséquence reliée aux choix des placements qui ne seraient pas de qualité, ou alors due à une période de marchés baissiers.

Ainsi, lorsque quelqu’un n’a pas fait d’argent dans son REER, accusez plutôt les choix d’investissement qui y sont rattachés! Je vois régulièrement des clients arriver dans mon bureau avec des relevés de placements qui révèlent une grande proportion de leurs REER laissés dans des épargnes stables ou des comptes bancaires sans rendement. Des cotisations faites à la hâte le 28 février, sans conseils… Résultat : les années passent et le capital investi ne fructifie pas. Au contraire, il a perdu de sa valeur au fil des années avec l’inflation.

D’autres clients arrivent avec un portefeuille plus important, mais ça ne veut pas dire que le rendement est au rendez-vous, surtout si les fonds sélectionnés sont principalement des fonds « maison », priorisés par des conseillers en succursale pour faire plaisir à leurs patrons.

Insatisfait des rendements?

Enfin bref, lorsque j’entends « j’ai perdu de l’argent, donc j’ai tout retiré de mes REER », j’ai le goût de crier : « Nooonnnnnnn ! Ne faites pas ça! » Si possible, évitez de retirer des placements lorsque les marchés sont en baisse ou en chute. Si vous êtes insatisfaits de vos rendements, parlez-en à votre conseiller ou trouvez-en un si vous n’en avez pas. Il saura vous expliquer ce qui se passe avec vos rendements et vous suggérer des actions si nécessaire. Mais, de grâce, ne mettez pas la faute sur le REER pour les raisons mentionnées. Les marchés sont cycliques et lorsqu’ils sont bas, c’est le temps d’acheter et non de vendre!

Je ne suis pas en train de dire que tout le monde a besoin de cotiser à son REER. Dans certains cas, le CELI est beaucoup plus avantageux. Je vous en reparlerai.

Le conseil à retenir ici : entourez-vous d’un bon planificateur financier et ne vous laissez pas influencer par les opinions qui fusent dans les partys de famille ou autour de la machine à café au bureau.

Il vous reste 3 semaines pour cotiser à vos REER 2017. Êtes-vous prêts?