Par Sébastien Hénault
Avoir l’ambition de se lancer en affaires est une chose, apprendre à réussir en affaires en est une autre. Il y a bel et bien une distinction.
Une entreprise prospère, la liberté, la richesse et l’envie de servir nos clients en faisant ce qu’on aime le plus faire dans la vie sont toutes d’excellentes raisons de se lancer en affaires. Apprendre à gérer ses liquidités, à établir ses prix, à maîtriser ses dépenses et sa rentabilité, ce sont d’excellents moyens de réussir en affaires. Avez-vous le profil ?
Lancement d’entreprise et optimisation des finances
Vous êtes en lancement d’entreprise? Je suis très heureux que vous lisiez mon article. Il vous permettra de gagner certains réflexes primordiaux pour vous lancer efficacement. Vous êtes plutôt curieux de savoir comment optimiser les finances de votre entreprise? Vous y trouverez également des astuces simples pour prospérer.
Grâce à mes études en administration des affaires et ensuite en comptabilité, j’ai entre autres étudié le fonctionnement de la comptabilité de management des grandes entreprises. Dans mon expérience professionnelle, j’ai converti mes apprentissages pour les appliquer aux PME. J’ai donc choisi d’en partager quatre avec vous dans cet article. Ce sont des apprentissages fondamentaux.
1. Gérer les liquidités d’entreprise
À moins d’être avare, chanceux ou de minimalement avoir un plan de match, pour gérer efficacement les liquidités de votre entreprise vous devez avoir un budget de caisse. Votre budget de caisse doit contenir tous les éléments qui affectent votre compte de banque, donc pas uniquement les revenus et dépenses. Il doit aussi tenir compte du remboursement d’emprunts, de l’acquisition d’actifs, et exclure l’amortissement (qui ne constitue pas une sortie de fonds), etc.
En bref, l’objectif du budget de caisse est de déterminer d’avance si l’on doit recourir à l’emprunt pour couvrir notre besoin en liquidités. C’est par le fait même un bon indice de rentabilité.
Voici donc en image ce à quoi peut ressembler un budget de caisse :
« Pourquoi ai-je tant de bénéfices alors que je n’ai pas un sou dans mon compte de banque? »
La réponse réside dans les sorties de fonds qui ne sont pas des dépenses, par exemple les remboursements d’emprunts ou les prêts à un administrateur.
Le budget caisse vous permet aussi d’être mieux préparé pour négocier une marge de crédit auprès de votre institution financière. On négocie une marge de crédit quand tout va bien et qu’on sait où l’on s’en va. Non pas quand on est en panique à cause du manque de liquidités et qu’on fait des transactions NSF (fonds insuffisants).
Faites un budget de caisse et vous aurez une longueur d’avance sur bien des entrepreneurs dans votre gestion de liquidités.
2. Établir les prix
L’approche que j’utilise ici ne fait pas référence aux prix du marché, pour la simple et unique raison que ce n’est pas le prix du marché qui détermine la rentabilité de notre produit. Il détermine plutôt si ça vaut le coup ou non de vendre le produit ou service.
En d’autres mots, si le prix qu’on doit fixer pour être rentable est beaucoup plus élevé que le marché actuel, et ce sans offrir de valeur ajoutée, alors ça ne vaut pas la peine de se lancer dans la vente d’un tel produit ou service. L’approche d’établissement des prix à prioriser en premier lieu est une approche de rentabilité. Ensuite on comparera ce prix avec le marché.
Une méthode simple que j’aime bien expliquer aux entrepreneurs pour fixer leurs prix est la suivante :
1. Établir le coût unitaire du produit.
- a. Pour un produit qu’on fabrique, il s’agit des coûts de la matière première, plus le coût de transformation, plus le coût de la main-d’œuvre qui s’implique dans la fabrication, plus le coût des ventes (par exemple une commission à un représentant), plus les frais d’expédition, plus les autres coûts directement liés à la production ou la vente du produit. Ce n’est pas simple à établir, mais plus vous serez précis, plus fiables seront vos résultats.
- b.Pour un service, on peut se baser sur le taux horaire d’un employé ou d’un sous-traitant. Ne négligez pas votre propre temps si vous travaillez seul. Ce ne serait pas logique ni rentable de dire que votre temps ne vaut rien, par exemple si vous ne vous versez aucun salaire. Votre temps compte.
2. Calculer ses frais fixes mensuels.
Ce sont les frais qui demeurent, peu importe qu’on vende de la marchandise ou non. Le loyer commercial, l’électricité du bâtiment, les frais bancaires, les honoraires comptables, etc., sont des exemples de frais fixes qui doivent être payés, ce même si l’entreprise n’a aucun revenu.
3. Estimer le nombre de ventes réalistes qu’on peut faire pour un mois.
4. Calculer le prix minimum que notre produit ou service devra être vendu pour couvrir nos frais fixes.
Voici un exemple de calcul :
- a. Coût unitaire d’un produit : 100 $
- b. Frais fixes mensuels : 10 000 $
- c. Nombre de produits qu’on prévoit vendre en un mois normal : 100
- d. Prix minimum pour couvrir nos frais fixes : ((100 $ x 100 unités) + 10 000$) / 100 unités) = 200 $ (si l’on vend 100 unités à 200 $ on aura un profit de 0 $)
5. Établir le prix en connaissance de cause, sachant qu’on ne peut pas fixer le prix plus bas que notre prix minimum calculé.
Maîtriser les dépenses d’entreprise
Maîtriser les coûts, ça peut vouloir dire plusieurs choses. Premièrement, d’effectuer les dépenses ou les investissements envers lesquels l’entreprise peut s’engager uniquement (faites le test dans vos budgets de caisse pour voir si c’est possible). Ça peut aussi vouloir dire de réévaluer les processus et certains postes de dépenses de l’entreprise.
« On l’a toujours fait de cette façon, mais on ne pourrait pas expliquer pourquoi. » Ça vous dit quelque chose? Pour éviter de tomber dans un tel panneau, c’est important de se questionner sur nos processus de temps en temps et de les réévaluer. Et ce, à tous les niveaux : administration, ventes, marketing, façon dont on exécute nos mandats ou dont on vend nos produits. Des processus, on en a partout dans une entreprise et tous doivent être réévalués.
Pour réévaluer un processus, il s’agit de faire la liste de chacune des activités liées à ce dernier. Ensuite, on évalue quelles activités sont à valeur ajoutée. Celles qui ne le sont pas, on les abandonne. Une activité sans valeur ajoutée pourrait être, par exemple : photocopier des documents (on peut remplacer le tout par des documents numériques), saisir une commande à l’ordinateur (des solutions web existent pour que le client remplisse lui-même sa commande en ligne), etc. Les entreprises sans papiers se multiplient, parfois pour des raisons écologiques, mais aussi pour améliorer leur efficacité.
Maîtriser sa rentabilité
La maîtrise de la rentabilité englobe essentiellement tous les éléments précédemment expliqués. Vous devrez passer par les étapes du budget de caisse et de la fixation des prix. Ensuite, maîtriser vos dépenses vous permettra d’améliorer votre rentabilité. Et finalement, l’optimisation de votre volume de vente contribuera à diluer vos frais fixes sur plusieurs produits et ainsi augmenter votre bénéfice.
Vous comprenez donc que oui, on doit vendre pour être une entreprise rentable. Mais vendre ne constitue pas 90 % des compétences qu’un entrepreneur doit posséder. Apprenez à maîtriser vos liquidités, vos prix, vos coûts et votre rentabilité et vous aurez la recette gagnante pour acquérir des compétences d’un entrepreneur prospère et réussir en affaires.
Sébastien Hénault, B.A.A.
L’Organisateur inc.