Hier soir, j’étais en ondes à l’émission RDI Économie afin de répondre aux questions des téléspectateurs qui sont nombreuses en cette période de gestion de crise sanitaires et incertitudes des marchés.

Puisque l’expérience de la télévision en direct ne permet d’aller dans les détails, je vous livre ce matin quelques éléments de réponse complémentaires à mon entrevue d’hier.

Q. « Nous sommes âgés de 55 et 65 ans, serait-il plus sage de cesser de cotiser à nos REER et CELI pour quelques temps étant donné la descente des marchés ? »

Une des règles de base en investissement est de ne pas essayer de prédire le marché. (« Market timing »). Vous devriez continuer d’investir en respectant votre horizon de placement, vos objectifs et votre profil de tolérance au risque, d’où l’importance de travailler avec un conseiller qui saura élaborer avec vous une stratégie de placement appropriée à vos besoins. La façon d’investir actuellement variera d’une personne à l’autre : certains clients qui paniquent actuellement alors que d’autres veulent emprunter pour investir à levier.

La fenêtre d’opportunité pour acheter des actions alors que les prix sont bas est ouverte et malgré que ce soit contre-intuitif, les marchés boursiers risquent de remonter alors que nous serons toujours confinés à la maison ! La grande volatilité et possiblement la correction du marché ne sont pas terminés toutefois alors pour les nouveaux achats une bonne alternative actuellement pourrait être de faire des achats périodiques sur une périodes de quelques semaines à quelques mois si vous n’avez pas une tolérance au risque élevée.

De plus, même au sein de ce couple qui pose la question, la réponse pourrait être différente individuellement, dans l’hypothèse où à 55 ans un de vous deux a devant lui un horizon de placement avant la retraite plus loin que son ou sa conjointe qui a déjà 65 ans !

N’oubliez pas qu’en vous entourant d’experts, vous diminuer également la relation émotionnelle avec votre gestion financière.

Q. « Nous sommes retraités et on voit nos placements tomber en flèche, serait-il mieux de les sortir et investir dans des placements sécurisés? Devrions-nous liquider mon portefeuille d’actions et accepter notre sort? »

Il ne faut absolument céder à la panique, même si je peux comprendre qu’elle est très accentuée lorsque vous êtes en période de décaissement.

Vendre quand c’est haut, acheter quand c’est bas. C’est une autre des règles de base du succès de l’investissement en bourse.

En 2009, suite à la dernière correction boursière, un placement de 10 000$ investi en 2007 avait chuté à environ 7500$. Si à ce moment vous aviez encaissé vos pertes pour investir dans un certificat de placement garanti (CPG) 5 ans, votre placement aura eu comme valeur 9500$ en 2019. Toutefois, en conservant le portefeuille équilibré mondial, l’investissement aurait eu comme valeur plus de 21 000$. Et si vous aviez acheté 10 000$ supplémentaire en 2009 alors que le marché était à son plus bas, votre portefeuille total aurait eu comme valeur 49 000$ !!

Il faut donc faire preuve de patience et analyser vos rendements sur une longue période. Comme vous êtes en décaissement, j’ose croire que votre portefeuille avait été adapté à vos besoins et votre tolérance au risque puisque la correction actuelle est anticipée depuis plus de deux ans maintenant….

Donc, rappelez-vous qu’historiquement, les marchés baissiers sont en moyenne de 14 mois : celui actuel est le plus rapide de toute l’histoire, d’où le vertige accéléré des investisseurs, qui plus est sont pour la plupart confinés à la maison et ont beaucoup de temps pour avoir peur !! Suite à la crise financière de 2008, les gens étaient occupés à travailler et dépenser (avec la baisse des taux visant à stimuler la consommation)….

Il est indéniable que les répercussions à court terme de la récession actuelle ne pourront être contenues malgré les annonces des aides des banques centrales. La planète économique est sur pause !! Nul ne sait ce que prépare l’avenir. Des nombreux analystes prédisent que les marchés pourraient baisser encore de 5 à 15% avant de rebondir.

L’appui des gouvernements et des banques centrales permettent de penser qu’une fois le bouton « pause » relâché et le COVID-19 contrôlé, l’économie reprendra rapidement de la vigueur. Gardez en tête qu’en temps de récession, certaines entreprises disparaissent mais d’autres se créent !

Actuellement, de nouvelles opportunités économiques se dessinent : cette récession va certainement changer comment nous vivons, consommons, travaillons. Des entreprises moins rentables vont disparaître et celles de la nouvelle économie sont déjà en train d’émerger. Je pense que nous pouvons constater que l’innovation, la technologie, l’agriculture et l’alimentation, le pharmaceutique, les services financiers vont être des secteurs solides suite à cette crise.

Quant à la question sur les placements sécurisés, il ne faut pas oublier qu’actuellement les taux de base sont vraiment à la baisse. Les placements garantis et les obligations court terme dont les taux ont encore baissé suite à l’annonce de la baisse des taux directeurs de la Banque du Canada ne sont pas une solution payante dans une optique moyen et long terme.

Q. « Jusqu’au 29 juin, la valeur de l’action du Fonds de Solidarité FTQ restera à 46,20$, mais il semble probable qu’elle baissera radicalement à compter du 30 juin au moment du dépôt de leur rapport biannuel. Devrais-je transférer immédiatement le montant de ce REER vers celui de mon institution bancaire afin de protéger à la fois mon capital et les intérêts accumulés? »

Il faut comprendre que les retraits et rachats du REER de la FTQ sont toujours très encadrés à la base donc j’invite les investisseurs à vérifier si cela possible dans leur situation. Le transfert est assez peu flexible dans la majorité des cas : le but étant d’assurer la stabilité du fonds dans un contexte où les crédits d’impôts leur de la souscription sont très généreux.

Chose certaine, si vous aviez besoin d’un retrait dans le cadre d’un programme RAP ou REEP, ou si vous êtes en pré-retraite. Vous auriez une belle opportunité dans la situation actuelle d’encaisser le rendement de vos actions FTQ.

Je ne suis pas en train de d’affirmer que la valeur de l’action va chuter car nul ne peut prédire l’avenir. Force est de constater que parfois, les investisseurs oublient que le qu’il faut considérer le fond de la FTQ comme dans tout autre fonds d’actions. Je réitère l’importance d’un portefeuille équilibré depuis longtemps, même si les crédit d’impôts sont généreux.

Si toutes vos épargnes enregistrées sont dans un REER de la FTQ, vous n’êtes de toute évidence pas suffisamment diversifié et vous constatez actuellement le danger d’être trop concentré dans une même catégorie d’actifs.

Q. « J’avais une assurance-collective pour les frais de médicaments et autres frais médicaux), maintenant au chômage, suis-je encore assurée ou je dois m’inscrire au régime de médicament de la RAMQ? »

Les mises à pied temporaires font en sorte que la plupart, sinon toutes les garanties sont maintenues. Par contre lorsque c’est une terminaison définitive d’emploi, il faut alors s’inscrire au régime de la RAMQ. L’idéal est de vérifier auprès de son employeur.

Q. « Est-ce que le gouvernement pourrait dégeler l’argent dans les CPG pour qu’on puisse y avoir accès? »

Je ne me prononcerai pas sur ce que le gouvernement devrait faire mais il est important que vous sachiez que certains produits de dépôts garantis peuvent parfois être rachetés avec ou sans pénalités.

Vous pourriez alors toutefois le rendement espéré à l’échéance ou une partie des intérêts. L’idéal est de vérifier auprès de votre institution financier la possibilité de rachat de vos produits garantis et l’impact à considérer sur le rendement. Généralement, plus le taux que vous avez obtenu est « élevé », plus les pénalités de rachat le sont également.

Lecture complémentaire ICI. 

Q. « Le gouvernement pourrait-il nous permettre de retirer jusqu’à 5000 $ de nos REER non imposable? »

Encore une fois, je ne me prononcerai pas sur ce que le gouvernement devrait faire mais vous devez savoir que si vos revenus baissent en 2020, vous avez le droit de retirer de votre portefeuille REER et que le retrait sera tout simplement ajouté à votre revenu imposable. Si vous êtes sans salaire ou revenu de travailleur autonome, l’impact fiscal pourrait donc être minimisé. Vous perdrez toutefois vos droits de cotisations REER lorsque la situation reviendra « à la normale ».

Évidemment, si vous possédez de l’épargne non enregistrée ou du CELI, vous devriez commencer par ces retraits pour éviter d’être imposés sur le retrait. En temps de croissance, c’est une logique de décaissement assez simple. En période de marchés baissiers, la situation devrait être analysée plus en profondeur. Justement pour éviter d’encaisser des pertes, je vous invite à y penser à deux fois et consulter votre conseiller pour valider si d’autres options sont envisageables dans votre situation.

Q. « Est-ce que les régimes de retraite à prestation déterminés sont en danger suite à la correction boursière? Ils sont énormément sous capitalisés maintenant. Faut il s’attendre soit à des diminutions des prestations ou des arrêts d’indexation? »

Les régimes de retraites à prestations déterminées sont gérés de façon prudente et avec des réserves actuarielles importantes. Bien sûr, je ne suis pas une experte en gestion de ces régimes alors je vous invite à lire votre relevé annuel détaillé pour en connaître les détails.

Il ne faut pas oublier que nous sortons d’un marché haussier de plus de dix ans, les gestionnaires des fonds de pension et des fonds communs ont eu le temps de se préparer pour la correction actuelle, qu’on anticipe depuis plus de deux ans maintenant. Donc dans les dernières années, les gestionnaires de fonds encaissent certains gains et se préparent des liquidités pour acheter quand les marchés présentent des opportunités d’investissement après une correction.

Donc oui, un marché baissier fait mal à court terme. Celui-ci marque l’imaginaire encore plus cette fois-ci car la récession est « biologique » et historique. Il est trop tôt pour savoir si des impacts se concrétiseront dans les régimes de retraites mais vous comprenez maintenant pourquoi presque aucun employeur ne souhaite offrir ce type de régime.

Q. « Quelles sont les nouvelles conditions sur les prêts, les paiements des cartes de crédit, les taux d’intérêt, on dit qu’il y a un congé d’intérêts, mais est-ce aussi pour les cartes de crédit? »

Pour cette question, je vous invite à communiquer avec votre institution financière car les mesures vont varier. Attention, on ne parle pas de congé d’intérêts mais de paiement !! On reporte l’intérêt à payer dans le temps.

De façon générale, on parle de congé de paiement allant jusqu’à 6 mois admissibles sur la plupart des produits de crédit. La décision est prise au cas par cas selon votre situation. Il faut donc s’armer de patience car les centres d’appels sont surchargés.

Pour les prêts étudiants, le gouvernement a annoncé un congé de 6 mois de paiement.

En gestion financière personnelle, il est toujours conseillé d’accumuler un fonds d’urgence représentant 3 mois de dépenses de votre budget annuel. Et c’est exactement pour contrer des situations comme la situation que l’on vit aujourd’hui…

Je souhaite qu’au sortir de la crise, plusieurs auront constaté l’importance de l’épargne personnelle et de la gestion serrée des liquidités en entreprise.

Q. « Qu’arrive-t-il au dépôts de FEER qui ont déjà été payés aux retraités dans le cadre des retraits obligatoires? »

La réduction de 25% du montant de retrait obligatoire ayant été annoncée la semaine dernière, je n’ai pas réussi à obtenir la réponse officielle des institutions financières à cette question. Plus de détails seront connus les semaines à venir mais je serais surprise que ce qui a été versé puisse être réinvesti dans le REER avec les conséquences administratives que cela causerait. Mais nous ne sommes pas à une surprise près depuis quelques temps !

Si vous ne pouvez pas le rembourser au FEER, je vous suggère de l’investir dans un CELI et faire des achats avant le rebond des marchés ou payer des dettes aux intérêts non déductibles.

Ceci étant dit, la majorité de la population a besoin de son retrait minimum pour vivre, il s’agit d’une mesure qui pourrait avantager davantage les plus nantis. Mais restez à l’affût si vous faites partie des gens qui pourraient voir leur prestation de sécurité de la vieillesse.

Q. « Quel niveau de confiance peut-on avoir envers les personnes qui répondent au téléphone dans les institutions financières? Quels types de transactions peut-on faire par téléphone? »

Le même niveau qu’avant la crise ! Les banques et compagnies financières ont mis en place des plans d’urgence pour vous assurer un service tout en protégeant leurs employés.

Si vous appelez au service à la clientèle de votre institution financière, vous pouvez avoir confiance à la personne au téléphone et la remercier d’assurer un service essentiel, probablement de la maison entre deux chicanes d’enfants….Si c’est quelqu’un qui vous appelle ou vous envoie un message, soyez vigilants car en période de crise, les fraudeurs en profitent généralement.

De nombreuses transactions peuvent se faire en ligne, profitez-en.

Si vous avez un planificateur financier ou conseiller en épargne, c’est le moment de prendre un rendez-vous téléphonique avec lui pour être supporté et avoir réponse à toutes vos questions !