J’observais, dans l’ère « pré-COVID », une tendance dans notre société à tout prendre pour acquis : la sécurité financière, la croissance économique à l’infini, l’accès au crédit, même notre capacité à générer du revenu.

Quand plusieurs me parlaient de retraite, j’entendais :

« Je n’ai pas l’intention de me priver. »

« De toute façon, je vais travailler jusqu’à 80 ans. »

« La retraite, ce n’est pas pour moi, de toute façon j’aime mon travail. »

Et ça, c’est quand les choses étaient nommées. Et j’observais beaucoup d’autres faits :

  • Le voyage coûte que coûte chaque année, même s’il implique de s’endetter;
  • Le syndrome du voisin gonflable , multiplié avec l’avènement des médias sociaux;
  • Le bonheur dans la consommation matérielle;
  • Le refinancement des maisons pour de la consommation personnelle;
  • Le peu d’épargne-retraite des Québécois;
  • L’absence de fonds d’urgence.

Puis, sont arrivées les mesures sanitaires et la pause économique du dernier mois. Avec elles, plusieurs formes d’aides financières ont vu le jour.

Je comprends parfaitement les raisons qui ont poussé les gouvernements fédéral et provincial à soutenir financièrement les citoyens. Le but était de s’assurer que des contraintes financières n’empêchent pas de tout mettre en œuvre pour aplanir la courbe. Soit. Mais j’avoue avoir été secouée par la grogne de la population quant à ces multiples aides, pourtant vraiment très généreuses, somme toute!

Seulement quelques jours après l’annonce des mesures de confinement, on entendait déjà des commentaires sur la lenteur de l’implantation des programmes. C’est la preuve à quel point la majorité des gens vivent « de paie en paie ». Pour les personnes qui gagnent le salaire minimum, je comprends l’urgence. Quant aux autres, il faut s’avouer que c’est une forme de reality check sur l’endettement et la surconsommation avec lesquels nous évoluons maintenant.

De mon point de vue de planificatrice financière, l’observation de la situation actuelle m’amène donc à beaucoup de questionnements quant à l’éducation financière. Je me demande ce que les gens auront changé à la fin de cette crise, et quels comportements ou objectifs ils ajusteront par la suite également.

Je souhaite vous soutenir sur deux éléments : la gestion du flux de trésorerie en entreprise et le fonds d’urgence personnel. Les nerfs de la guerre.

Entreprises : maîtrisez votre flux de trésorerie

En temps de crise économique ou de récession, les entreprises qui survivent sont souvent celles dont les liquidités étaient déjà bien gérées avant que la situation survienne.

Un peu comme un budget personnel, en entreprise la gestion de la trésorerie est basée sur la connaissance des dépenses fixes et variables. Afin d’être efficace, elle doit être réalisée selon différents scénarios de revenu. Car, contrairement aux salariés, les entreprises ont rarement des revenus réguliers et stables.

En maîtrisant votre flux de trésorerie, vous savez entre autres si vous possédez un inventaire en surplus qui peut être vendu pour générer des liquidités. Il vous en sera notamment plus facile de recourir au crédit pour fonds de roulement. Bien connaitre votre entreprise et son flux de trésorerie jouera en votre faveur auprès de votre banquier. Il aura davantage confiance.

Pour avoir conseillé de nombreux entrepreneurs, je sais qu’une partie du nerf de la guerre est de se faire payer. Dotez-vous d’une politique efficace et faites un suivi serré des comptes clients. C’est primordial.

En planification financière intégrée, nous travaillons avec les entrepreneurs pour éviter de laisser trop de liquidités dans les compagnies opérantes, et plutôt « pomper » les surplus à titre personnel. Toutefois, une analyse des liquidités est importante, car il s’agit d’abord de bien connaitre le fonds de roulement de la compagnie.

J’aime beaucoup les ressources de la BDC en général pour les entreprises. Pour aller plus loin sur le sujet, commencez par ici : Conseils pour accroître les liquidités de votre entreprise.

Constituez votre fonds d’urgence personnel

Un fonds d’urgence vise à éviter l’endettement en cas de dépenses ou de situations imprévues. Il doit représenter trois à six mois de dépenses mensuelles. Vous pourrez l’utiliser en cas de perte d’emploi, d’imprévus sur la maison ou l’auto, ou de problème de santé.

Bien sûr, si vous avez des dettes aux intérêts non déductibles, je vous conseille de prioriser le remboursement de celles-ci. Visez alors un plus petit montant de liquidités de roulement pour commencer. Mais voyez-y! Voici cinq moyens de rembourser vos dettes.

Pour constituer votre fonds d’urgence (même dans la situation actuelle) :

Étape 1 : connaitre vos dépenses mensuelles.

Je martèle une fois de plus le clou du budget! Toujours est-il que la préparation d’un budget exige d’analyser vos dépenses des derniers mois pour savoir exactement où va votre argent. C’est la base.

Étape 2 : vendre les objets inutilisés.

Profitez de la fin du confinement pour préparer une vente des objets dont vous ne vous servez plus (ou que n’avez jamais utilisés!). L’argent amassé pourra constituer le magot de départ.

Étape 3 : réduire certaines dépenses non essentielles.

Ça le dit : « non essentielles ». Affectez plutôt ces sommes au fonds d’urgence. Les dernières semaines vous ont probablement fait réaliser que peu de dépenses sont vraiment essentielles. C’est donc le meilleur moment pour changer vos habitudes. En enlevant deux ou trois dépenses hebdomadaires, ce sera plus facile. Vous n’aurez même pas l’impression de vous priver!

Étape 4 : Automatiser votre épargne.

Voyez-vous, l’être humain a cette tendance naturelle à dépenser l’argent qui se trouve dans son compte de banque. En le faisant tout simplement « disparaître », vous serez moins tenté de l’utiliser inutilement.

Étape 5 : Mettre vos surplus de côté.

Lors de plus grandes entrées de fonds, épargnez-les systématiquement.

Protéger votre fonds de roulement, c’est assurer votre sécurité financière.

Plusieurs produits de protection en assurance de personnes visent précisément à vous aider à complémenter votre fonds d’urgence, dans un premier temps, et à ne pas compromettre votre avenir financier à long terme.

Ce n’est jamais bien sexy de parler d’assurances. Mais, je vous pose la question : avez-vous été stressé financièrement dans les dernières semaines? Si oui, vous pouvez donc maintenant vous imaginer à quel point votre vie et vos objectifs seraient chamboulés si vous étiez incapable (ou même limité dans vos capacités) de générer du revenu pour une période plus longue…

Tout le monde connait l’assurance-vie. Mais connaissez-vous les autres options?

L’assurance invalidité

 

En cas d’incapacité à travailler à la suite d’une maladie ou d’un accident, elle remplace votre revenu. Le délai de carence (période d’attente avant d’y avoir droit) est variable, et devrait justement être établi en fonction de votre fonds d’urgence.

L’assurance frais généraux

Que vous soyez un chef d’une entreprise incorporée ou un travailleur autonome, ce type de protection paie vos dépenses fixes et obligations financières durant votre période d’invalidité.

L’assurance prêt

Mêmes conditions que l’assurance invalidité. Toutefois, l’assurance prêt a pour objectif précis, non pas de remplacer un revenu personnel, mais bien de continuer à faire face à nos engagements financiers, qu’ils soient personnels ou corporatifs.

« JE VEUX VIVRE MAINTENANT, PAS QUESTION QUE JE MEURE AVEC MON ARGENT. »

Après quelques semaines de recul et de réflexion, j’assume que cette phrase, que j’ai entendue souvent, m’irrite maintenant au plus haut point. Oui, je comprends que le gouvernement ait dû aider rapidement pour éviter le chaos en pleine gestion de crise. Toutefois, je nous souhaite comme collectivité d’avoir réalisé que, bien que l’État ait son rôle à jouer en période crise sanitaire, la responsabilité individuelle de gérer sainement ses finances est primordiale.

Dans tous les cas de figure, je vous recommande de travailler en équipe avec un conseiller financier. C’est votre meilleure carte (un expert, un allié) pour arriver à optimiser vos liquidités et placements. Et vous savez quoi? Les gens qui travaillent avec un conseiller sont plus riches. C’est prouvé! Ils ne mourront peut-être pas avec leur argent, mais ils seront moins stressés lors du prochain imprévu. 🙂

Voilà pour ma montée de lait sociétale. Mais je suis optimiste de nature, tout de même. Je crois à la capacité d’adaptation des humains. L’important est de tirer des apprentissages de la situation, et de passer à l’action pour améliorer l’avenir!

Prenez soin de vous.

Sources :

https://www.manuvie.ca/particuliers/planifier-et-apprendre/sante-financiere/epargne/comment-constituer-un-fond-d-urgence.html

https://www.tangerine.ca/aproposdargent/epargne/comment-se-constituer-un-fonds-d-urgence

https://www.lesaffaires.com/blogues/daniel-germain/le-voisin-gonflable-des-preuves-scientifiques/585511

IMAGES : Photo by Jason Leung on Unsplash